
POLITIQUE - Les citoyens à la rescousse des dirigeants mondiaux ? Depuis que Donald Trump a lancé sa guerre commerciale, imposant notamment de nouveaux droits de douane de 20 % sur les produits en provenance de l’Union européenne, les pays du monde entier cherchent la parade.
Faut-il en passer par la négociation ? Assumer le bras de fer ? Chercher à temporiser, de peur de nourrir une escalade qui pourrait se révéler périlleuse ? Si les Européens en particulier mettent plusieurs solutions sur la table, aucune riposte d’ampleur n’a pour l’heure été annoncée.
Du côté des citoyens, une réponse semble plébiscitée : le boycott des produits américains. Se priver d’aller chez McDonald’s, de consommer du Coca-Cola, d’acheter une voiture Tesla, ne plus faire ses recherches sur Google, ne plus fréquenter les cafés Starbucks et cesser d’acheter des chaussures Nike ? L’idée fait son chemin. Selon un sondage Ifop révélé par Libération, 62 % des consommateurs français soutiennent la mise au ban des produits venus des États-Unis.
La classe politique est, elle, globalement silencieuse sur le sujet. Interrogé ce lundi 7 avril sur franceinfo, le coordinateur national de La France insoumise Manuel Bompard a dit : « Pourquoi pas ». « Il y a bien sûr une réponse citoyenne » à apporter aux décisions « unilatérales » prises par le président américain, selon lui. Le député des Bouches-du-Rhône estime que « l’administration américaine doit voir l’impact négatif des mesures qu’elle prend ». « Il ne faut surtout pas donner l’impression que ce n’est pas grave », a-t-il aussi plaidé.
Désaccord au sein du patronat français
Si peu de responsables politiques français osent s’aventurer sur le terrain du boycott, qui est souvent moqué pour sa supposée inefficacité et sa démarche trop personnelle, les acteurs économiques sont moins frileux à s’exprimer sur le sujet. Ainsi le patron des enseignes Leclerc Michel-Édouard Leclerc assure regarder le mouvement d’un bon œil. « Il faut montrer à Donald Trump que ce n’est pas sans conséquence s’il veut jouer les brutaux », expliquait-il sur France 5 il y a quelques jours. À l’inverse, le président du Medef Patrick Martin préfère garder son « sang-froid » et fustige les appels au boycott, estimant qu’il faut « éviter de rentrer dans ce genre de comportement ». Un avis partagé par le ministre de l’Économie Éric Lombard, qui ne soutient pas les démarches individuelles, les renvoyant dans une interview au JDD à « de l’initiative citoyenne ».
Pour l’Ifop, qui a mené l’enquête auprès des Français, la popularité du boycott est le signe d’un « rejet de la marque US au sens large. Il y a un effet Trump sur l’image des États-Unis qui se traduit par une volonté de sanctionner le pays et ses produits ». Auprès de Libération, les sondeurs notent d’ailleurs que jusque-là, les boycotts pour des raisons politiques avaient « un faible ancrage dans le répertoire d’action politique des Français ». Les temps changent.
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