
ANIMAUX - De quoi imaginer un sequel improbable aux Dents de la mer. Quand elle a commencé les essais pour devenir sauveteuse cadette le dimanche 30 avril, Phoebe Beltran ne s’attendait pas à se faire attaquer par un animal, et encore moins par une otarie. La Californienne de 15 ans nageait dans les eaux paradisiaques de Long Beach, au sud de Los Angeles, quand elle a senti une douleur intense au bras.
« Au début, j’ai imaginé le pire, comme un requin », a-t-elle raconté au micro de la chaîne américaine NBC. « À la première morsure, j’ai plongé la tête mais je n’ai vu qu’une ombre, sans réussir à comprendre de quel animal il s’agissait. » Si Phoebe a eu « bien trop peur » pour essayer de le regarder « en face », sa mère, Bibiana Beltran, a rapidement identifié l’animal. Alors que sa fille appelait à l’aide et que les sauveteurs accourraient, elle a aperçu la tête d’une otarie sortir de l’eau, avant de voir d’autres animaux de la même espèce à proximité.
La jeune Californienne est rapidement envoyée aux urgences où les soignants constatent des traces de morsures et des ecchymoses sur son bras. « Je vais beaucoup mieux », a assuré Phoebe au Los Angeles Times, qui précise qu’elle a été traitée aux antibiotiques mais n’a pas eu besoin de points de suture. « C’étaient des vraies montagnes russes émotionnelles », a-t-elle confié au journal, assurant avoir des « flash-back » de l’incident.
« En 25 ans de service, je n’avais entendu une histoire pareille », a assuré Gonzalo Medina, un pompier de Long Beach interrogé par NBC. Cette attaque d’otarie n’est pourtant pas la première, un surfeur avait déjà été mordu en mars dernier à Oxnard, au nord de Los Angeles. Au micro de CBS News, il a décrit un animal à l’air « sauvage, presque démoniaque, dépourvu […] de l’espièglerie [qu’il avait] toujours associée aux otaries ».
La faute aux algues toxiques ?
Une surprise plus que légitime : les comportements agressifs ne sont pas habituels chez les otaries. Mais comment expliquer ces attaques récentes ? Plusieurs médias, dont The Guardian, mettent en cause des algues toxiques. Lorsqu’ils sont touchés par la neurotoxine de cette plante, les otaries souffrent souvent de « léthargie » et de « désorientation », a expliqué Giancarlo Rulli, un porte-parole du Centre pour mammifères marins interrogé par le média britannique.
Mais dans certains cas, cette neurotoxine induit chez les otaries « un comportement erratique et parfois agressif », a-t-il prévenu, invitant le public à toujours rester à une petite cinquantaine de mètres des animaux aperçus sur les plages. Ces intoxications à « l’acide domoïque » sont fréquentes depuis quatre ans en Californie, selon Giancarlo Rulli, les secours ont été appelés plus de 100 fois pour des otaries ou des dauphins confus et échoués sur les plages.
Les algues se développent grâce au vent qui agite la mer et fait remonter certains nutriments des fonds marins vers la surface. Les plantes aquatiques sont ensuite mangées par les poissons, eux-mêmes mangés par les mammifères marins (dont les otaries) qui peuvent se retrouver intoxiqués. Un phénomène aggravé par le changement climatique, les hausses de températures favorisant la croissance des algues.
« D’année en année, la situation devient plus difficile », alerte John Warner, le chef du centre de soin pour mammifères marins de Los Angeles. « Toutes nos équipes font leur maximum pour aider autant d’animaux [échoués] que possible », confie-t-il au Guardian, « mais nous n’avons pas les moyens de tous les sauver ».
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